Cher·e·s ami·e·s,

L’année 2023 s’est achevée avec la relance du groupe d’affinité Women in Engineering France qu’avec Bernadette Bouchon-Meunier, une de mes co-fondatrices, et Adriana Aguilera Gonzalez nous animerons désormais. Il était temps… les défis sont plus que jamais d’actualité !

Force est de constater que depuis 2008, année de lancement au niveau international de ce groupe, la situation n’a que trop peu évolué. La place et le rôle des femmes dans le monde de l’ingénierie sont encore largement inférieurs à ce qu’ils devraient et pourraient être. Si dans certains domaines, comme l’électronique par exemple, leur effectif a augmenté, dans d’autres, comme le numérique, la situation s’est, au contraire, détériorée. Les femmes y sont de moins en moins présentes. Il suffit de regarder les effectifs des écoles et formations d’ingénieurs pour s’en convaincre : la parité n’est pas pour demain ! Un chiffre global de 30% d’étudiantes, mais 10 à 15% dans les cursus numérique / informatique qui traduit une inexpliquée faiblesse d’attractivité.

Si l’on observe la situation dans les entreprises, elle est loin d’être meilleure. On estime à près de 50% la part des femmes qui abandonnent des postes dans la Tech pour se tourner vers d’autres carrières dans le management, par exemple.

Tout cela, nous le savons et nous savons aujourd’hui quels leviers activer, en faisant évoluer les comportements et les environnements.

C’est pourquoi l’année 2024 s’ouvre pour nous sous le signe de la combativité.

La grande force de notre groupe Women in Engineering est qu’il est transversal. Il touche tous les membres quelles que soient leurs spécialités et donc les chapitres auxquels ils se réfèrent, et plus encore il est central, se situant au croisement de plusieurs univers : étudiant, académique, jeune professionnel, industriel et entrepreneurial.

Aussi, dans la perspective d’actions et de combats que nous aurons à mener collectivement je fais 4 vœux.

Le premier c’est que Women in Engineering devienne, dans la tête de chacune et de chacun d’entre nous, Whatever in Engineering. Ce combat n’est pas un combat « binaire » (NDLR : bien que je sois informaticienne et uniquement câblée en 0 et en 1), mais un combat qui concerne tout le monde, vraiment tout le monde : hommes, femmes et toute personne qui ne se reconnaitrait pas dans ces genres ! Il est nécessaire de faire en sorte que dans chaque événement organisé par l’IEEE France ou dans lequel nous sommes associés (R8 par exemple), des femmes, ou du moins des personnes capables de porter un vrai message d’inclusion, soient présentes, visibles, mettant en lumière leurs compétences. Obtenir la parité dès que c’est possible, la diversité, toujours.

La présence dans chaque conférence de femmes, non pour faire nombre sur la photo finale, mais pour mettre en avant responsabilités et compétences ne dépend que de nous : aucune fatalité, mais une juste responsablité. WIE doit être un combat quotidien et le combat de tou·te·s. C’est aussi pourquoi j’appelle tous les membres de l’IEEE France, hommes, femmes et membres non-genrés, à rejoindre notre groupe !

Le deuxième voeu, c’est de mettre en place une culture de l’égalité femmes/hommes au sein de l’IEEE France, qui passera en interne par la reconnaissance de l’estampille WIE, et en externe, pourquoi pas, par la signature d’une charte promouvant l’égalité femmes/hommes, qui marquerait notre adhésion à certaines valeurs et à certains processus de fonctionnement. Cela passera aussi par des accords et des partenariats avec d’autres associations dont le travail est aujourd’hui reconnu et mis en avant, comme Femmes du numérique ou Women in power, et les sociétés savantes du domaie (SEE, SIF, EEA, etc.).

Le troisième voeu, c’est d’accompagner et d’encourager le développement des branches étudiantes de WIE, dont j’ai pu voir qu’elles commençaient à émerger. Il faudra les intégrer à tous les évènements que l’IEEE France organise, et prendre en considération la place des femmes de demain, dès lors que nous saurons écouter les étudiantes aujourd’hui. Il y a donc un enjeu générationnel très fort qu’il ne faut surtout pas minimiser.

Enfin, le quatrième vœu sera de travailler ces questions en France, bien sûr, mais aussi au cœur de la Région 8 à laquelle nous sommes rattachés et qui regroupe l’Europe, le Moyen Orient et l’Afrique. Ce regard international me semble plus que jamais essentiel, car nous devons comprendre pourquoi dans certaines parties du monde, souvent les moins démocratiques, les femmes sont davantage attirées par des études d’ingénieurs, quand en France il semble bien plus compliqué de les y attirer. Les plafonds de verre ou institutionnels ne sont pas les mêmes partout, le passage des études à la carrière professionnelle non plus, et nous devons essayer de nous appuyer sur des expériences internationales différentes pour tenter de faire évoluer positivement les choses.

L’égalité est l’Objectif Développement Durable n° 5 des ODD des Nations Unies. Soyons responsables, soyons soutenables. Les inégalités femmes/hommes dans le monde de l’ingénierie sont par nature polymorphes, et pour y remédier il n’existe pas un seul remède ni une seule manière de les aborder. Ce sera le rôle de WIE que d’utiliser tous les leviers pour œuvrer dans le sens d’une meilleure reconnaissance des ingénieures, et futures ingénieures, dans les mondes académiques et industriels.

Plus belle l’année 2024 sous le signe de ce combat commun !

 

Florence Sèdes

Présidente WIE France